Prise de parole | Réunion d'un comité de pilotage extraordinaire de lutte contre les sargasses aux Antilles

  • Antilles

01/08/2022

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À la demande de Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des Outre-mer, Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer a réuni un comité de pilotage extraordinaire afin d'accélérer la lutte contre les sargasses aux Antilles. Ce comité vise à mettre en place une meilleure organisation pour régler efficacement le problème.

Seul le prononcé fait foi

Mesdames et messieurs les directeurs généraux d’administration,

Mesdames et Messieurs les directeurs d’agences régionales de santé,

Mesdames et messieurs,

Chers amis,

Je vous remercie chaleureusement d’avoir répondu présent à cette réunion extraordinaire du COPIL sur le plan Sargasses II dans des délais si courts.

Pourquoi cette réunion exceptionnelle ?

Car l’heure est à la mobilisation de tous.

Les côtes de la Martinique, de la Guadeloupe de Saint-Martin et de Saint-Barthélémy sont, en ce moment même, fortement touchées par des tonnes de sargasses. Les plages sont submergées par des échouages massifs dont l’importance et la récurrence sont très préoccupantes.

Outre les questions sanitaires que posent ces algues brunes nauséabondes - et les inquiétudes légitimes qu’elles suscitent - elles génèrent des nuisances pénibles, en pleine période de vacances. Elles rendent inaccessibles les plages, obligent la fermeture d’établissements et pourrissent le quotidien des riverains des zones côtières.

Ce problème est connu depuis 2011. En 2018, l’Etat, les collectivités et les administrations, à l’initiative du Président de la République, ont mis en place des moyens pour s’adapter au phénomène et y répondre sur le moyen et le long terme. Le plan Sargasses II en est la nouvelle déclinaison opérationnelle.

Cependant, lors de mon récent déplacement aux Antilles il y a deux semaines, j’ai pu mesurer in situ la préoccupation des élus et l’exaspération des habitants face à l’ampleur du phénomène, et surtout, les difficultés concrètes et immédiates pour certaines communes d’effectuer le ramassage dans les 48 heures.

Aussi, le ministre de l’intérieur et des Outre-mer Gérald DARMANIN, m’a demandé un plan d’action pour répondre à l’urgence. Je lui ai proposé un certain nombre de mesures qu’il a validées et que je souhaite partager avec vous à l’occasion de ce COPIL exceptionnel.

La réunion du jour n’a pas pour but de remplacer le travail à peine commencé le 4 juillet dernier, lors de la réunion d’installation du Comité de pilotage, mais bien d’accélérer la lutte à l’aune des premiers retours des COPIL territoriaux.

Nous ne pouvons pas attendre 6 mois de plus et le prochain COPIL pour faire des ajustements.

Le ramassage et le stockage des sargasses dans les 48 heures sont les seules réponses immédiatement disponibles pour limiter l’impact de ce fléau. Cela doit être notre priorité.

Or, nous le voyons, la gouvernance actuelle est trop dispersée. La multiplication des acteurs, des procédures, des responsabilités brouille la visibilité et l’efficacité de la collecte. Bien que celle-ci relève de la responsabilité des communes, il nous appartient collectivement d’être mobilisés – et je sais que l’ensemble des services de l’Etat sont déjà à pied d’œuvre - pour répondre à l’urgence et accompagner les collectivités qui rencontreraient des difficultés.

L’heure n’est donc pas à se renvoyer la balle. Il nous faut changer de méthode.

  1. La mise en place d’un véritable « service public anti-sargasse »

Aussi, à l’écoute des idées qui me sont parvenues, je souhaite la création d’un véritable « service public anti-sargasse » avec la mise en place d’un « opérateur unique », qu’il soit une collectivité, un syndicat mixte ouvert ou GIP, peu-importe, qui regroupe l’ensemble des acteurs locaux par territoire.

Cet opérateur unique permettra enfin de gagner en efficacité, et de mieux structurer la réponse de crise. Il centralisera les besoins, les financements, le personnel, la contractualisation et les actions. Il permettra plus de souplesse et d’adaptabilité dans le déploiement des moyens financiers et humains, notamment lors de pic tels que nous les connaissons actuellement.

Ce « service public anti-sargasses » devra voir le jour au plus tard fin octobre 2022, pour pouvoir bénéficier de financements supplémentaires de la part de l’Etat. Et je m’engage à trouver de l’argent frais, si je suis sûr que cet argent n’est pas éparpillé, et surtout, qu’il est mobilisé rapidement. Rien ne sert de faire des plans, des stratégies et des comités si les financements ne sont jamais utilisés efficacement sur le terrain.

Dans la même veine, à partir de 2023, un programme des interventions territoriales de l’Etat, un PITE « en occitan », réunira 5 millions d’€ pour accompagner les 4 opérateurs uniques dans leurs activités et faciliter les financements.

  1. Augmenter la part de cofinancement de l’Etat

Malgré les montants importants décidés par le gouvernement pour ce plan Sargasse II – plus de 36 millions d’euros - certaines collectivités rencontrent visiblement des problèmes d’organisation et de trésorerie.

Pour y répondre, je propose - dans le respect du cadre budgétaire annuel du plan - d’augmenter à hauteur de 80% la part du cofinancement de l’Etat, depuis le 1er juillet et jusqu’au 15 octobre 2022. Une prolongation de cette mesure pourra être octroyée en cas d’échouage massif après le 15 octobre et si l’opérateur unique est mis en place. Il ne restera que 20% à mobiliser du côté des collectivités locales. 

De plus, je propose qu’une partie de la participation de l’Etat puisse être versée en avance pour les communes en difficulté de trésorerie, à travers un fond d’amorçage.

Ces mesures d’urgence devraient permettre d’alléger la charge financière des communes et ainsi permettre d’accélérer le déploiement des moyens nécessaires pour collecter.

  1. Des services de l’Etat en facilitateurs

Et lorsque des difficultés administratives se posent, chacun doit se penser comme facilitateur. Il faut que nous soyons, non pas le grain de sable qui enraye la machine, mais bien l’huile qui fluidifie les rouages.

 

Il faut donc, quand cela est nécessaire, accélérer la rédaction des conventions de cofinancement.

 

L’accompagnement des services de l’Etat passe également par une meilleure information des parties prenantes sur l’ensemble des aides et des moyens mis à leur disposition. Cette communication est essentielle, car rien ne sert d’avoir le plus bel établi, si tous les outils restent accrochés au mur à prendre la poussière.

Cette communication doit également aller vers tous les antillais. Qu’ils sachent que des efforts sont faits. Qu’ils sentent que les choses changent. Qu’ils constatent une amélioration de leur quotidien. Car rien n’est plus décourageant et révoltant que le sentiment d’abandon et d’impuissance. 

Je souhaite ainsi apporter des compléments à l’instruction ministérielle pour enrichir le mandat des Préfets en ce sens.

 

Après le volet financier et le volet communication, je souhaite encore évoquer la question de la main d’oeuvre.

 

  1. Optimiser la mobilisation de la main d’œuvre

 

Le dernier point concerne la main-d’œuvre disponible pour la collecte : je demande au préfet de « réserver » des emplois aidés pour lutter contre les sargasses. Il nous faut en effet des moyens humains en cas de pic, avec une mutualisation des forces et leur redéploiement en fonction des besoins immédiats du terrain. Le futur opérateur unique permettra d’optimiser et de centraliser ces forces vives extrêmement utiles.

Ces mesures n’exonèrent en aucun cas les collectivités de leurs responsabilités. Et certaines sont beaucoup plus réactives et efficaces que d’autres. Sachons les mettre en avant afin de servir d’exemple et de levier d’action pour les autres.   

 

La liste de ces mesures n’est pas exhaustive, et je compte sur vos diagnostics et votre expérience de terrain pour proposer également des solutions permettant de faire face aux défis immédiats.

 

Car outre le ramassage et la collecte, nous devons avancer sur la mise en place de barrages flottants partout où ils sont possibles et pertinents, en fonction des données scientifiques et des technologies disponibles.

 

Les autres mesures sanitaires, environnementales, de recherche et d’innovation sont bien sûr essentielles, mais ne sont pas l’objet de ce COPIL exceptionnel.

 

En effet, il ne faut pas réinventer la roue. Nous avons, avec le plan Sargasses II, une feuille de route claire pour permettre une gestion sur le long terme de ces algues.  

 

Je vous remercie à nouveau tous pour votre mobilisation et votre soutien et charge la DGOM de mettre en musique ces différentes propositions. Je sais que vous saurez enrichir encore la partition.

 

Je vous remercie.